L’automne dernier, tous les mercredis, un groupe de jeunes filles de 5e et de 6e année de l’école primaire Coronation, à Montréal, consacrait son heure de dîner à la découverte du cosmos.
Elles participaient à un programme d’initiation à l’astronomie et aux télescopes d’une durée de 10 semaines, organisé par des membres de l’Institut spatial Trottier et du Département de physique de l’Université McGill. Baptisé Science in Space: How to Telescope et offert dans le cadre du programme Girls Who Game de Dell Technologies, le programme vise à encourager les élèves filles et de genre non conforme à s’imaginer scientifiques et ingénieures.
Au moyen d’activités ludiques, les bénévoles de McGill présentent des concepts fondamentaux de l’astronomie et de la physique, et font découvrir aux écolières les différents objets auxquels s’intéressent les astronomes – des étoiles aux exoplanètes en passant par les galaxies et les trous noirs – et les techniques permettant de les observer.
« Nous avons conçu le programme pour cette tranche d’âge, parce que les études ont montré qu’il s’agissait du meilleur moment pour intéresser les jeunes filles aux sciences », explique Carolina Cruz-Vinaccia, administratrice du programme à l’Institut spatial Trottier. « Passé cet âge, leur intérêt décline rapidement, alors si on veut les exposer aux sciences, c’est le moment ou jamais. »
« C’est aussi l’âge où les élèves sont incroyablement curieuses et créatives; on le voit bien dans les questions qu’elles posent », ajoute Alice Curtin, doctorante en physique à l’Université McGill et animatrice du programme. Les élèves me posent des questions comme ʺPeut-on construire des télescopes sous terre?ʺ ou encore ʺLes trous blancs existent-ils?ʺ. Ça me ravit de recevoir des questions aussi intéressantes de la part d’élèves du primaire. »
Des élèves qui participent
Pour l’une des activités, nous divisons les élèves en deux groupes : l’un représente des objets célestes et l’autre, des télescopes. Munies de fils et de pancartes portant des inscriptions comme « Bonjour, je suis une supernova » ou « Bonjour, je suis le télescope James Webb », les participantes se déplacent dans la pièce afin de trouver le télescope le mieux adapté à l’observation de l’objet qui leur a été attribué.
Les responsables de l’animation de McGill invitent ensuite les élèves à imaginer ce qu’elles aimeraient observer dans le ciel et à déterminer le type de télescope dont elles auraient besoin. Travaillant en petites équipes, elles conçoivent leur télescope, puis le « construisent » dans le jeu informatique Minecraft, sous les judicieux conseils d’étudiants mcgillois aux cycles supérieurs.
« Nous voulons rendre le programme aussi stimulant que possible », ajoute Carolina Cruz-Vinaccia.
Tout au long du processus, les élèves se présentent mutuellement leur travail et s’échangent de la rétroaction.
« La science étant un processus collaboratif dans la cadre duquel nous donnons et recevons en permanence de la rétroaction, les séances d’échange entre pairs sont essentielles », souligne Kim Metera, associée académique au Département de physique. « La capacité à fournir une rétroaction constructive de façon respectueuse est une compétence scientifique essentielle que nous voulons que les enfants apprennent tôt. »
Une place pour chacune
Les participantes soulignent la fin du programme autour d’une pizza en présentant leur télescope au reste de la classe.
« Beaucoup d’élèves ont confié que ce qu’elles préféraient dans le programme, c’était le fait de passer du temps avec leurs camarades et avec des mentors. L’atmosphère dans ce groupe est bien particulière; ce n’est pas quelque chose qu’elles peuvent retrouver ailleurs à l’école », se félicite Alice Curtin.
Les responsables de l’organisation espèrent que le programme aura des effets durables.
« L’objectif n’est pas nécessairement que toutes les participantes s’orientent vers les sciences, précise Kim Metera. Nous voulons simplement qu’elles sachent que si tel est leur souhait, elles auront leur place en sciences. »
Depuis 2022, le programme Science in Space a été mis en œuvre à dix reprises dans cinq écoles de la région de Montréal, et les responsables prévoient de l’étendre à d’autres écoles cette année. Renseignements