Deux étudiants mcgillois aux cycles supérieurs parmi les 25 finalistes du concours « J’ai une histoire à raconter »

Kiana Kishiyama explore l’identité des personnes adoptées et Jeffrey To se penche sur les différentes définitions et perceptions de la diversité
Two students' headshots, shown side by side.
James To et Kiana Kishiyama.

 

Kiana Kishiyama se souvient d’avoir eu peur lorsque, au début de son premier cours de mandarin pour débutants, sa professeure lui a dit qu’elle voulait lui parler après le cours.

« Je me suis dit : “Quoi, j’ai déjà des ennuis?” »

Or, l’enseignante croyait que Kishiyama, adoptée en Chine par un couple canadien, était simplement un peu trop modeste quant à ses compétences linguistiques.

Cependant, après avoir entendu Kishiyama prononcer une seule phrase en mandarin, l’enseignante a rapidement changé d’avis.

« J’avais l’impression de devoir prouver que je ne maîtrisais pas la langue. J’étais un brin irritée », se rappelle Kishiyama en riant.

 

Adoption, identité et langue d’origine

Ce n’est là qu’une des expériences qui ont conduit Kiana Kishiyama – l’une des deux finalistes mcgillois de l’édition 2025 du concours « J’ai une histoire à raconter », piloté par le CRSH – à s’inscrire à un programme de maîtrise à la Faculté des sciences de l’éducation. Ses travaux portent sur l’influence du processus d’apprentissage de la langue d’origine dans la construction du sentiment d’identité chez les personnes adoptées à l’étranger. « CRSH » est l’abréviation de « Conseil de recherches en sciences humaines », organisme subventionnaire fédéral.

« Certains des participants et participantes à mon étude ont mentionné que l’apprentissage de leur langue d’origine les avait aidés à imaginer la personne qu’ils auraient pu être », explique Kiana, qui a suivi des cours de japonais et de mandarin pendant son enfance (son père adoptif est d’origine japonaise).

« Ils apprennent une langue et découvrent une culture avec lesquelles ils auraient pu grandir : la langue et la culture de membres de la famille à laquelle ils sont biologiquement liés. Je sais aussi que certaines personnes y ont vu une sorte de processus de guérison. »

 

La diversité est dans l’œil de celui qui regarde

Jeffrey To, étudiant au doctorat en psychologie, est le second membre de la communauté mcgilloise choisi comme finaliste parmi les 161 personnes ayant soumis leur candidature cette année. Ses recherches portent sur les multiples définitions et perceptions de la diversité, de l’équité et de l’inclusion.

« En tant qu’Asiatique, je fais partie d’un “groupe de la diversité”. J’ai donc toujours été très sensible aux questions liées à la diversité et je comprends pourquoi il est si important d’être considéré comme une personne, au-delà de la culture ou de la couleur de la peau », explique le finaliste.

L’étudiant explique aussi qu’il est courant en politique – et même en sciences – de voir des personnes parler de diversité sans jamais vraiment prendre le temps de préciser de quelle diversité elles parlent, exactement.

« Parle-t-on de diversité d’apparence, de culture ou d’idées? Ce que mes recherches montrent, c’est que la diversité n’est pas objective et peut revêtir de multiples visages. Elle est plutôt dans l’œil de celui qui la regarde. »

 

La recherche, une histoire à raconter

Les personnes candidates au concours annuel sont invitées à raconter l’histoire de leur recherche soit dans une vidéo ou un clip audio de trois minutes, soit dans un document infographique de 300 mots. Kiana et Jeffrey ont tous les deux choisi de réaliser une vidéo et ont constaté avec joie que les techniques de narration vidéo permettaient de rejoindre un public beaucoup plus large qu’un article universitaire classique.

Jeffrey To explique qu’il avait d’abord hésité à participer au concours, parce qu’il pensait qu’apprendre à réaliser une vidéo prendrait trop de temps. Mais les nouvelles techniques d’édition par l’IA ont changé son point de vue.

« En fait, c’est précisément le volet réalisation que j’ai le plus aimé, parce que ça m’a rappelé l’époque où, enfant, j’écrivais des histoires et des fanafictions avec différents personnages de la télévision. C’était vraiment rafraîchissant. C’est aussi un moyen de rendre ses idées accessibles à un public très large. Lorsque nous publions dans des revues prestigieuses, il doit y avoir une douzaine de personnes en moyenne qui lisent notre travail. Mais si je publiais une vidéo comme celle du concours sur TikTok et qu’elle était vue par ne serait-ce que 300 personnes, ce serait déjà beaucoup! »

La prochaine étape pour les deux finalistes consistera à présenter leurs travaux de recherche en direct lors de la conférence de la Science Writers and Communicators of Canada (SWCC), qui se tiendra à Fredericton (Nouveau-Brunswick) le 13 juin 2025. Chacun des 25 finalistes sera jugé en fonction de la qualité de sa narration en direct et pourrait gagner 1 000 dollars, en plus des 3 000 $ déjà remportés par chacun d’entre eux.

« Que je gagne ce prix ou non, l’important, c’est que je sais maintenant comment exprimer mes idées dans un format vidéo d’une manière compréhensible pour le grand public. J’apprends énormément », confie Kiana.

Jeffrey se fait l’écho de ce sentiment : « Je suis très enthousiaste, mais aussi un peu nerveux d’être “en compétition” avec les autres participants. Au fond, ce qui compte, c’est d’apprendre et de rencontrer des gens avec lesquels on partage des centres d’intérêt. »

En savoir plus sur le concours « J’ai une histoire à raconter » du CRSH